La dépendance affective

par | 29 Mai 2019 | Développement personnel, Partages personnels | 9 commentaires

Il y a quelques jours, l’une de mes proches en pleine séparation amoureuse m’a dit : « L’amour est aveugle ». Ce à quoi, j’ai répondu spontanément : « Ce n’est pas l’amour qui est aveugle, c’est la dépendance affective. » Et elle de me rétorquer : « Je ne suis pas dépendante affective ! »

Nous sommes tous dépendants affectifs d’une façon ou d’une autre.

J’ai longtemps pensé que je n’étais pas dépendante affective jusqu’à ce que je rencontre le dernier homme qui a bouleversé mon cœur et mon âme.
A notre séparation, j’ai cru mourir de chagrin (et d’ailleurs, une grande part de moi est morte à ce moment-là) et j’ai mis des mois à remonter la pente, à gravir les marches de ma guérison pas après pas.

Je me suis demandée pourquoi moi qui avais tant de facilité à tourner les pages de ma vie affective auparavant, j’avais tant de mal à tourner celle-ci.

Et puis j’ai compris que cet homme était une fois de plus le catalyseur de mes blessures, de mes failles. Il me renvoyait à la petite fille qui n’avait pas été désirée ni aimée comme elle en aurait eu besoin pour grandir sur des bases solides et saines. Il me renvoyait, sans même le savoir, aux parts de moi-même que je n’avais pas su aimer ni respecter comme ma petite fille intérieure le réclamait. Il a fait tomber d’un coup les remparts que je m’étais créés pour me protéger du manque affectif. Tout ceci n’était qu’illusion. Je m’étais moi-même leurrée pendant tant d’années…

Durant cette longue période de deuil, j’ai eu le temps de me repasser le film de ma vie sentimentale, qu’elle soit amicale, familiale ou amoureuse.
J’avais bien réussi à me détacher des séparations amicales et familiales plutôt facilement mais je réalisais qu’en fait j’avais laissé un certain nombre d’hommes me faire du mal par peur de les voir s’en aller. Je me suis longtemps trahie (tue) pour les garder près de moi le plus longtemps possible. Jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Jusqu’à ce que j’estime que la ligne était franchie avec une certitude de non-retour, cette ligne que j’appelle la ligne rouge, celle qui fait qu’on sait qu’on ne pourra plus jamais accepter les comportements de l’autre et que l’on s’en détache pour toujours, sans aucune possibilité de retour arrière.

En fait, j’avais été dépendante affective durant toutes ces relations mais pas après. Une fois la relation terminée, je ne courrais jamais derrière mon amoureux perdu car je n’en éprouvais pas le besoin. C’était fini. J’avais eu ma dose !
Et c’est comme ça que j’ai réussi à me faire croire durant la quasi totalité de ma vie que je n’étais pas dépendante affective.
J’étais dans la fausse croyance que ne pas courir derrière quelqu’un pour le récupérer est un gage d’équilibre et de non dépendance affective.

Alors, voyant les jours passer et mon désespoir s’accentuer malgré mes efforts pour me relever, j’ai continué à creuser, à tenter de comprendre l’origine de ce mal-être qui me tuait de jour en jour.
J’ai dû arrêter les faux-semblants et regarder en face ce que je m’étais toujours caché pour me protéger moi-même de cette souffrance insidieuse qui couvait depuis mes tout premiers jours d’existence. Je suis remontée à l’origine de cette dépendance affective dans ma vie actuelle.
Puis j’ai observé si mes découvertes personnelles correspondaient à ce que je percevais des dépendances affectives de mes proches et de mes clients. J’ai mené ma petite enquête en sous-marin, sans en parler. Juste entre moi et moi-même. Pour guérir. En profondeur.

Le schéma est en fait exactement le même : nous naissons et grandissons dans un foyer où nous n’étions pas acceptés tels que nous étions. Nous subissions tous l’amour conditionnel, celui qui nous fait croire, à nous enfant, que si nous sommes comme nos parents nous désirent, alors nous sommes dignes d’être aimés. Et que si nous n’avons pas de marque d’affection, d’attention, c’est que nous ne sommes pas assez bien, pas assez dignes de cet amour parental (qui est sensé être inconditionnel). Or, dans notre tête d’enfant, le parent est un dieu vivant, un point de repère fiable, un baromètre de notre valeur. Nous sommes alors à l’affût des réactions d’acceptation (voire d’amour) du ou des parents qui nous « élève(nt) ». Nous sommes malgré nous sous l’influence de nos peurs primales de rejet. Et nous rejouons ce scénario à l’infini avec toutes les personnes qui nous sont chères (principalement mais pas forcément selon le degré de dépendance affective de chacun), sans même nous en rendre compte.

Et puis un jour, j’ai croisé cet homme. J’ai ressenti cet amour réciproque avec une telle intensité que j’ai pensé avoir enfin trouvé l’amour inconditionnel que j’avais tant espéré croiser un jour. Cet amour inconditionnel que je pensais avoir réussi à me donner complètement et que je pouvais enfin partager sans crainte. Je me pensais arrivée au port.
Mais la vie en a décidé autrement et nous a séparés, me renvoyant de façon atrocement brutale à toutes mes failles, toutes mes zones d’amour conditionnel que je me faisais subir à moi-même et surtout à toutes mes zones de non-amour personnel.
Je me suis même surprise à penser « si lui ne m’aime pas (ce qui n’était pas du tout la raison de notre séparation), alors c’est que je ne mérite vraiment pas d’être aimée et donc que personne ne m’aimera jamais vraiment. » Ca a été une forme d’électro-choc personnel. Ca a été la phrase mentale qui m’a peut-être sauvée car c’est elle qui m’a donné la force d’aller plonger au fond de mon désarroi, aux tréfonds de mon chagrin. C’est elle qui m’a fait réaliser que cet espace intérieur qui ressemblait désormais au Beyrouth des années 80 était le fruit de toutes ces années de leurre qui venaient de s’effondrer. J’avais tout à reconstruire. Je devais reprendre toutes les bases.

Nous sommes tous dépendants affectifs. Nous nous sommes tous un jour, à un moment ou à un autre, conformés à ce que nous sentions que les autres attendaient de nous. Nous avons tous exercé un métier, côtoyé une personne, dit une parole, fait une action… pour plaire à quelqu’un.
La dépendance affective commence là !

Nous sommes tous dépendants affectifs dès lors qu’il y a en nous des zones que nous ne savons pas aimer.

Aujourd’hui, ma guérison est bien avancée mais pas terminée.
Chaque jour, je découvre de petites zones que je n’ai pas encore réussi à aimer pleinement. Chaque jour, je fais en sorte de moins me juger, d’être davantage bienveillante envers moi-même comme je peux l’être avec les autres.

Je saurai que j’aurai complètement dépassé ma dépendance affective quand mon désir d’être heureuse à chaque minute primera sur le fait d’accepter l’inacceptable, d’accepter le manque de respect, aussi minime soit-il, que l’on peut me renvoyer.

En fait, je saurai que j’aurai dépassé la dépendance affective le jour où la vie ne me présentera plus du tout de non-amour, qu’il provienne de moi-même ou de l’extérieur.

N’attendez pas de contacter cet abîme immense qui a été le mien pour commencer à guérir de votre dépendance affective. Apprenez à repérer les moments où vous vous mettez de côté pour gagner l’illusion d’un peu d’amour et de reconnaissance.
Aimez-vous pleinement dans toutes les facettes de votre Etre. Et si des parts de vous, de votre vie, ne vous plaisent pas, modifiez-les, adaptez-les à cette image de paradis intérieur que vous avez en vous.

S’il-vous-plaît, arrêtez de faire dépendre votre bonheur et votre valeur du regard des autres.

Parenthèse aux Âmes Fusionnelles et aux Flammes Jumelles :
L’amour que vous portez à votre Autre ne doit jamais dépasser celui que vous vous portez à vous-même. Il ne doit pas vous faire accepter ce qui est inacceptable selon votre échelle de valeur parce que c’est Lui/Elle et qu’Il/Elle est spécial(e) pour vous.
Arrêtez de vous illusionner. Respectez-vous et aimez-vous vous-même.
Votre autre choisira alors le chemin qui résonne avec ses propres valeurs. Et ça ne sera pas forcément le même chemin que le vôtre.
Acceptez que vos chemins se séparent pour toujours ou pour de possibles retrouvailles dans cette vie-ci ou dans une autre.
Notre Autre n’est pas l’arrivée, il est le Chemin. Le Chemin vers notre pleine Guérison.

 

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9 Commentaires

  1. Boué

    Sublime texte…. Je suis émotif et pour être franc j’ai eu une petite larme en lisant cette publication bonne guérison 😘

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  2. Lux Teurnier

    Que de résonances Gwenola… A quelque degré que ce soit oui nous le sommes tous « dépendants affectifs » ou nous l’avons étés. J’ai des hommes irrespectueux, qui faisaient le vide autour de moi et j’avais bien plus peur de la sollitude que d’une relation bancale et destructrice. Alors je lassais la situation me faire mal, j’emmagasinais aigreurs, colères et tristesse jusqu’au jour où la séparation était inévitable. Et à cet instant j’avais l’impression d’être maîtresse de ma vie, mais le mal était fait…. Et ce schéma bien évidemment s’est répété jusqu’à ce que je comprenne qu’il fallait me connecter à moi et rassurer cet enfant intérieur vivant dans les peurs. Je me suis aussi rendue compte que j’avais trop d’attentes en couple du fait de ne pas savoir me faire plaisir. Un des secrets du bonheur est de se nourrir des choses qui nous font du bien. Que ce soit marcher en forêt ou écouter une belle musique, tous ces menus plaisirs nous aident à trouver notre indépendance y compris au niveau amoureux. Car l’Autre n’est pas là pour combler des failles, tout revient à Soi. Quand on trouve de belles ressources en nous, tout devient plus clair, les peurs de l’abandon peuvent s’écouler et l’Amour peut venir toquer à notre porte !

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    • Gwenola Soler

      Merci Sandrine pour ton partage qui fait tellement écho au mien 🙂
      J’espère que nous arriverons toutes et tous à dépasser cette forme d’auto-sabotage pour aller vers notre pure Vérité, celle qui connaît l’Amour.

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  3. beatrice

    Un grand merci Gwénola. Même une femme comme vous si bienveillante si douce si à l’écoute grandit tous les jours ! quel courage de témoigner. ça me donne encore plus d’élan pour cheminer vers un mieux être. Merci merci et encore merci de nous faire partager vos souffrances qui nous permettent d’avancer. Béatrice

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    • Gwenola Soler

      Merci Béatrice pour votre commentaire et votre gentillesse.
      Nous grandissons tous, nous vivons tous des périodes difficiles destinées à nous faire évoluer.
      Je trouve bien de rappeler de temps à autre que nous sommes égaux sur ce chemin 😉

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  4. Christophe

    Merci pour ce partage en toute transparende d’autant plus courageux de la part d’une thérapeute.
    J’ai cru aussi être arrivé enfin dans le bon port mais c’était pour comprendre qu’il n’y a que Soi sur dans cette pièce de théatre. Accepter toutes ses failles, s’aimer dans son unité faite d’ombre et de lumière, plus de projection, plus d’attente. Tracer sa route sur son chemin tel l’Hermite, le Mat et danser dans le Tao. Bonne guérison spirituelle à tous.

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  5. Corinne LESAGE

    Quel texte ! Je suis totalement retournée. Ce texte et celui qui explique qu il faut arrêter de se battre vont m aider à bouger les lignes , les curseurs aux relations avec les autres. Il faut apprendre à s aimer soi même , la priorité des priorités dans être égoïste non plus … là est la difficulté . Merci Gwenola.

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    • Gwenola Soler

      Corinne,
      Je suis heureuse que mes deux textes aient cette résonance si forte en vous 🙂
      Comment savoir si nous ne sommes pas égoïstes ? Dès lors que nous faisons les choses POUR nous et non pas CONTRE quelqu’un et surtout dès lors que nous ressentons que cette décision que nous prenons est la meilleure pour nous et pour les gens que nous aimons, alors c’est la décision juste et parfaite.
      Belle intégration à vous…

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